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Note de synthèse |
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Dossier thématique : Agenda Post-Cancún |
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1. Le Président du Conseil général et le Directeur général de lOMC mènent actuellement des consultations sur quatre questions dont la résolution est considérée comme cruciale pour les efforts visant à remettre le processus de Doha sur les rails après léchec de la Conférence ministérielle de Cancún. Lagriculture fait partie de ces dossiers (au même titre que laccès aux marchés des produits non agricoles, les Questions de Singapour et linitiative sur le coton). Cette note retrace le déroulement des négociations sur lagriculture, de la présentation du projet révisé des modalités de négociation (TN/AG/W/1/Rev.1) en mars 2003, à aujourdhui. II. Premier projet de modalités pour les nouveaux engagements (Rev.1) [Note 1]2. Le contenu des deux versions du « premier projet » était décrit dans des notes antérieures [Note 2]. Il sagit des seuls projets complets présentés à ce jour qui fournissent avec précision des objectifs chiffrés et des périodes de mise en uvre des engagements en matière de soutien et de réductions tarifaires, bien que ces derniers apparaissent entre crochets. Les documents « cadre » examinés en août et en septembre ne comportaient pas de telles précisions. 3. Le contenu de la révision du premier projet de modalités pour les nouveaux engagements (Rev.1) diffère peu de la version précédente présentée en février dernier par M. Stuart Harbinson, le Président du Comité de lagriculture. Ce dernier a expliqué que les délégations navaient fourni aucune base permettant une révision plus substantielle. Les réactions nont pas beaucoup varié non plus. Pour les Etats-Unis et le Groupe de Cairns, le premier projet révisé manque dambition. Aux yeux du Japon, de la Suisse, de lUnion européenne (UE) et dautres pays, il allait trop loin sur certains aspects, tout en négligeant des éléments importants comme la notion de « considérations autres que dordre commercial ». Pour bon nombre de pays en développement, le projet exigeait beaucoup trop deux en termes de réforme, en particulier concernant la libéralisation de laccès aux marchés. Ils sollicitaient un traitement spécial et différencié mieux défini. Un certain nombre de participants ont refusé ce document comme base pour de futures négociations. III. Non respect de la date butoir du 31 mars4. Par conséquent, il est peu étonnant quil ait été impossible de respecter la date butoir du 31 mars 2003, fixée dans le mandat de Doha pour ladoption des modalités détaillées de négociation sur lagriculture. En avril, Comité de lagriculture réuni en Session extraordinaire a convenu que son Président devait poursuivre les consultations sur une série de questions techniques, tout en continuant à essayer de dégager un consensus sur les modalités de base. Du mois davril à la mi-juin, 11 sessions informelles techniques ou autres ont eu lieu. Si une clarification précieuse a pu être obtenue dans les domaines techniques, le désaccord sur les modalités de négociation plus générales reste inchangé. IV. Réforme de la Politique agricole commune (PAC) de lUnion européenne5. En 2002, la Commission européenne a initié des efforts afin de garantir une nouvelle série de mesures pour la réforme de la PAC. Linitiative sinscrivait dans le cadre de lexamen à mi-parcours du programme de dépenses et de la réforme de l« Agenda 2000 », prévu sur six ans. Au printemps 2003, lidée sest répandue, au sein de nombreuses délégations, que ladoption des modalités agricoles de Doha dépendrait fortement de lissue de lexamen interne de la réforme de la PAC par lUE. Parallèlement à cela, les divergences entre les membres de lUE ont compromis toute possibilité dobtenir des résultats dans les délais prévus. 6. Au cur même des propositions de la Commission figure une modification importante concernant la nature du soutien interne pour les agriculteurs européens : le découplage des soutiens de la production. Autrement dit, les agriculteurs ne devraient plus recevoir quun seul et unique paiement direct dont le montant ne serait nullement lié à leur volume de production. Globalement, les dépenses demeureraient importantes, les plafonds des dépenses de la PAC pour la période allant jusquen 2013 ayant déjà été entérinés au niveau politique. Ces plafonds devraient également permettre dadapter les dépenses relatives au soutien au secteur agricole pour les 10 nouveaux membres de lUnion européenne de 2004. Parallèlement, en partie en réduisant progressivement les versements directs découplés aux grosses exploitations à partir de 2005, la Commission a cherché à financer dautres formes de dépenses. Celles-ci comprennent le renforcement du développement rural, le soutien de mesures pour le bien-être des animaux et laide apportée aux agriculteurs pour quils puissent satisfaire à des normes plus rigoureuses en matière de qualité des produits, de protection de lenvironnement, de santé humaine et animale ainsi que de préservation des végétaux. 7. Les ministres de lagriculture de lUE sont parvenus à sentendre sur un ensemble de mesures de réforme le 26 juin 2003. Les propositions initiales ont été sensiblement amendées, avec un découplage seulement partiel et des retards considérables pour lintroduction de versements agricoles uniques relatifs à certains produits de base. Concernant le calendrier ou le degré dintroduction des paiements agricoles uniques, une certaine marge de manuvre a été octroyée aux Etats membres. Quatre produits de base importants le sucre, lhuile dolive, le tabac et le coton nont pas été inclus dans lensemble de mesures de réforme de juin, mais diverses options ont été présentées par la Commission et sont en cours dexamen. 8. A la réunion du Comité de lagriculture du 1er juillet, le président a décrit lensemble de mesures de réforme de lUE comme « opportun et bienvenu » et étant susceptible de donner « une certaine impulsion à ces négociations ». Les Etats-Unis et le Groupe de Cairns ont demandé à Bruxelles de modifier rapidement sa position sur lagriculture dans le processus de Doha et dindiquer dans quelle mesure lUE pourrait simpliquer davantage dans des engagements spécifiques de réforme. Dun autre côté, lUE a elle-même indiqué quelle ne ferait aucune nouvelle concession si dautres nen faisaient pas de même : elle a en particulier appelé les Etats-Unis à repenser leur loi sur lagriculture de 2002 (Farm Act 2002) et a aussi suggéré que ses exigences concernant les indications géographiques et les questions telles que le bien-être des animaux soient prises plus au sérieux. En pratique, lidée dun changement de position de lUnion européenne est rapidement devenue une abstraction, étant donné que lambition dun accord détaillé sur les modalités à Cancún a été abandonnée. V. Un rapport troublant présenté à la réunion du Comité des négociations commerciales (CNC) de juillet 20039. Dans un rapport présenté à la réunion des 14 et 15 juillet 2003 du CNC, le Président du Comité de lagriculture a fait remarquer que si des progrès avaient été réalisés sur des questions techniques et dans des domaines liés aux règles, « lobjectif consistant à établir des modalités dès que possible restait hors de portée ». Il a exposé une liste détaillée de questions sur lesquelles les positions divergeaient. Parmi celles-ci figurent tous les principaux éléments de fond concernant les engagements de réduction proposés dans la Rev.1 ainsi que des questions techniques en suspens relatives aux diverses annexes de ce document (sur ladministration des contingents tarifaires, les entreprises commerciales dÉtat importatrices, les crédits à lexportation, laide alimentaire, etc.). 10. Il devait sagir là de la dernière réunion du Comité des négociations commerciales avant la Conférence ministérielle de Cancún. Par la suite, le processus de préparation a été entièrement confié au Conseil général, le Président du Conseil M. lAmbassadeur Carlos Perez de Castillo et le Directeur général devant mener des consultations et en faire régulièrement rapport aux chefs de délégation. VI. Nouveau processus de consultation pour Cancún11. Le 15 juillet, le Président du Conseil avait en fait déjà communiqué un projet de cadre pour une déclaration ministérielle de Cancún. Celui-ci envisageait une annexe indiquant les modalités de négociation sur lagriculture sans toutefois essayer den expliquer clairement les détails. Ce document et dautres annexes devaient être précisés dans le cadre des consultations en cours. Cependant, pendant les réunions du Conseil général des 24 et 25 juillet, les Etats-Unis et lUnion européenne ont indiqué de manière informelle quéventuellement il ne serait pas demandé à la réunion de Cancún de convenir de chiffres ou de formules cibles spécifiques concernant les engagements de réduction dans lagriculture et laccès aux marchés des produits non agricoles. Certains représentants officiels ont plutôt évoqué un accord sur toute une série de chiffres ou même des formulations spécifiques restreignant les possibilités. Cette approche plus limitée est rapidement devenue une hypothèse généralement admise parmi les membres de lOMC et a été reconnue par le Président du Conseil. 12. A cette même réunion du Conseil général, le Kenya, lOuganda et la Tanzanie ont présenté une proposition reflétant la nécessité de faire face au déclin des prix des produits de base qui sévit depuis des années. Ce document [Note 3] proposait des programmes de travail pour un certain nombre de comités de lOMC en collaboration avec dautres organismes internationaux pertinents. 13. A la réunion du Comité de lagriculture du 18 juillet, linitiative communément appelée « initiative sur le coton » a franchi une étape supplémentaire lorsque le Bénin, lun des quatre Etats dAfrique centrale et de lOuest ayant présenté linitiative, a exposé plus de détails sur la proposition de compensation financière devant être versée aux pays les moins avancés (PMA) tandis que les subventions seraient supprimées progressivement dans le monde entier. Cette initiative a été présentée au plus haut niveau par le Président du Burkina Faso, à la réunion du CNC du 10 juin 2003, comme une proposition conjointe de son pays, du Bénin, du Mali et du Tchad sur la Réduction de la pauvreté : initiative sectorielle en faveur du coton [Note 4]. VII. Mini-conférence ministérielle à Montréal et proposition conjointe des Communautés européennes (CE) et des Etats-Unis14. Du 28 au 30 juillet, les ministres de quelque 25 pays se sont rencontrés à Montréal de manière informelle. Cette réunion a eu pour principal résultat un engagement des Etats-Unis et de lUnion européenne à sefforcer de résoudre leurs divergences de vues concernant lagriculture et à présenter une proposition commune à Genève. Lun des objectifs consistait à dégager un compromis sur laccès aux marchés, décrit par les représentants officiels comme une forme de « formule composite » tenant compte des diverses approches privilégiées. 15. Contre toute attente, Bruxelles et Washington sont parvenus à trouver un modus vivendi bien que, selon certains observateurs, cet arrangement ait été le signe avant-coureur dun échec à Cancún. Le texte commun a été présenté à Genève le 13 août 2003 [Note 5]. Il ne comportait presque aucun chiffre ou délai spécifique et a été présenté comme un « cadre » dont les détails pourraient être réglés après la session ministérielle. Il proposait des compromis importants sur chacun des « trois piliers » des engagements de réduction. 16. En ce qui concerne laccès aux marchés, les idées des CE et des Etats-Unis séloignaient sensiblement de la Rev.1, qui proposait un système de réductions tarifaires basé sur des fourchettes (dépendant des niveaux des tarifs existants), couplé à des objectifs différents pour les pays industrialisés et les pays en développement. Au lieu de cela, trois approches seraient envisageables. Un pourcentage de lignes tarifaires serait soumis à un abaissement tarifaire moyen, approche utilisée pendant le Cycle dUruguay. Il sagirait de « lignes tarifaires sensibles aux importations », dans lesquelles laccès aux marchés serait amélioré à la fois par des réductions et des contingents tarifaires. Un autre pourcentage de lignes tarifaires se verrait appliquer une « formule suisse », autrement dit des réductions plus importantes sur les tarifs élevés que sur les tarifs bas. Enfin, un pourcentage de lignes tarifaires serait en franchise de droits. Les lignes tarifaires dont les tarifs dépassent un certain pourcentage devraient être réduites à ce maximum ou se voir attribuer un accès supplémentaire aux marchés. Un traitement spécial et différencié a été évoqué sous forme de prescriptions de réduction moins strictes et de périodes de mise en uvre plus longues, bien que pour ce faire aucun système nait été proposé. Un mécanisme de sauvegarde spéciale serait créé pour les pays en développement, concernant les lignes tarifaires sensibles aux importations. 17. Sagissant des subventions à lexportation, le texte commun prévoyait leur élimination, sur une période définie, pour les « produits présentant un intérêt particulier pour les pays en développement ». Les autres produits feraient simplement lobjet dun engagement à « réduire les montants budgétaires et les quantités prévus ». Ceci contrastait avec les propositions du document Rev.1, qui prévoyait déliminer toutes les subventions à lexportation sur une période maximale de neuf ans. Le document des CE et des Etats-Unis a également introduit un parallèle entre une réduction des subventions à lexportation et des réductions proportionnelles sur les « éléments causant une distorsion des échanges » dans les accords relatifs aux crédits à lexportation. La Rev.1 détaille une série de nouvelles disciplines concernant les crédits à lexportation mais nétablit aucun parallèle avec une réduction des subventions à lexportation. 18. Au sujet du soutien interne, le document sollicitait une réduction « des aides qui faussent le plus les échanges » dans une certaine fourchette (en pourcentage). Il proposait que tous les pays développés procèdent « à des réductions du soutien ayant des effets de distorsion des échanges nettement plus importantes que dans le cadre du Cycle d'Uruguay » ; ainsi les membres appliquant les subventions ayant des effets de distorsion des échanges les plus élevées feraient « davantage d'efforts ». Ceci correspond à une réflexion politique, à savoir lintérêt quauraient les Etats-Unis à voir lEurope réduire ses mesures de soutien autorisées relevant des catégories bleue et orange pour les rapprocher du plafond appliqué aux Etats-Unis en vertu du Cycle dUruguay. Néanmoins, étant donné que le soutien interne est fortement susceptible dêtre transféré dans la catégorie verte dans le cadre de la réforme de la PAC, il pourrait être aisé datteindre cet objectif. 19. Dans ses dispositions plus détaillées, la proposition maintenait la catégorie bleue des « aides ayant le moins deffet de distorsion », mais la plafonnait à une limite de 5% de la production intérieure à la fin de la période de mise en uvre. La Rev.1 envisageait dimposer un plafond aux paiements relevant de la catégorie bleue aux niveaux notifiés les plus récents et de les réduire ensuite de 50% sur cinq ans. Le projet des CE et des Etats-Unis proposait toutefois de réduire en 2004 la somme des paiements relevant des catégories bleue, orange et de minimis (réduits selon un pourcentage convenu) à un niveau « sensiblement inférieur » à la somme des paiements relevant de la catégorie bleue et de minimis ainsi que des engagements relatifs à la Mesure globale de soutien (MGS) consolidée finale du Cycle dUruguay. Aucune condition sur le traitement spécial et différencié na été mentionnée. Aucun ajustement na été annoncé pour la catégorie verte. 20. Le document na pas réglé dautres questions clés, comme lavenir de la « clause de paix », les considérations autres que dordre commercial, les initiatives sectorielles et les indications géographiques, mentionnées à la fin comme des « questions présentant un intérêt mais non réglées ». En outre, il y était stipulé que les règles et disciplines relatives au traitement spécial et différencié « devront être ajustées pour les pays qui sont des exportateurs nets importants de produits alimentaires ». VIII. Réactions au texte conjoint des CE et des Etats-Unis et à la proposition du G-2021. Le texte des CE et des Etats-Unis a été débattu dans une série de réunions informelles des chefs de délégation les 13 et 14 août 2003 ainsi quà des sessions qui se sont tenues entre le 18 et le 21 août 2003. Certains participants ont jugé que la proposition manquait dambition. En fait, une critique est souvent revenue sur le tapis, de manière officieuse : le projet semble avoir été conçu pour garantir le status quo des politiques de soutien au secteur agricole aux Etats-Unis et en Europe. Dautres participants ont jugé quen particulier les propositions sur laccès aux marchés étaient trop exigeantes. Un grand nombre de pays en développement ont critiqué le manque de dispositions détaillées sur le traitement spécial et différencié et ont regretté que des questions les concernant de près telles que la suppression de la clause de paix, les considérations autres que dordre commercial et les initiatives sectorielles - soient reléguées au rang de questions présentant un intérêt théorique. 22. Néanmoins, le Président a déclaré que le texte commun avait un effet « galvanisant » sur les négociations. En effet, il a inspiré plusieurs autres propositions présentées à la mi-août, respectant toutes le cadre fixé par les Communautés européennes et les Etats-Unis. Par ailleurs, la première révision du projet de texte ministériel rappelait beaucoup le libellé du texte conjoint des CE et des Etats-Unis. 23. La proposition alternative, très complète, présentée par un groupe de pays en développement membres du Groupe de Cairns et dautres pays en développement - qui ont par la suite pris le nom de « G-20 » - a retenu une attention toute particulière. 24. Au sujet de laccès aux marchés, le plan du G-20 énonçait des engagements de réduction sensiblement différents pour les pays industrialisés et les pays en développement. Pour les premiers, le même ensemble mixte de moyens de réduction a été repris, mais une obligation consistant à réduire la progressivité des tarifs a été ajoutée à lapproche des réductions tarifaires du Cycle dUruguay. Un plafond tarifaire a été introduit pour les pays membres développés, qui sont également tenus daugmenter les contingents tarifaires et de réduire à zéro les tarifs contingentaires. Les pays en développement devraient seulement procéder à une réduction tarifaire selon lapproche utilisée pendant le Cycle dUruguay ; il ny aurait aucune exigence de réduction en vertu de la formule suisse ni aucun engagement à améliorer laccès par des contingents tarifaires. Des périodes de mise en uvre plus longues seraient appliquées aux pays en développement, qui seraient aussi en mesure de désigner des produits spéciaux (comme dans la première révision). Un mécanisme de sauvegarde spéciale serait négocié pour ces pays. 25. Lapproche du G-20 concernant le soutien interne ne sappliquait en pratique quaux pays industrialisés. Elle exigeait une réduction du soutien interne ayant des effets de distorsion des échanges par produits. Des diminutions plus importantes seraient exigées sur les produits bénéficiant actuellement dun soutien supérieur à la moyenne et une réduction initiale minimale serait demandée au cours des 12 premiers mois de mise en uvre. Selon la proposition du G-20, la catégorie bleue serait supprimée et la somme des mesures de soutien de minimis et relevant de la catégorie orange (MGS) serait réduite dun pourcentage minimal. Les paiements de la catégorie verte seraient plafonnés et/ou réduits. 26. Dans le texte du G-20, les engagements sur les subventions à lexportation étaient similaires à ceux de la première révision. La proposition du G-20 envisageait de les éliminer en deux étapes la première portant sur les produits dont lexportation présente un intérêt particulier pour les pays en développement. Des disciplines concernant les programmes de garantie de crédit à lexportation et dassurance ont également été envisagées, à linstar des règles relatives aux opérations daide alimentaire. En outre, la proposition demandait de traiter lérosion des préférences et de se pencher sur les préoccupations des membres ayant accédé récemment à lOMC ainsi que des pays les moins avancés. IX. Dautres propositions ont rapidement suivi27. Le G-20 constituait la seule alternative globale au texte commun des CE et des Etats-Unis mais bon nombre de délégations ont avancé des propositions plus limitées, prenant pour la plupart les idées de Bruxelles et Washington comme point de départ. 28. Par exemple, le Honduras, le Nicaragua, le Panama et la République dominicaine ont présenté un document portant exclusivement sur le traitement spécial et différencié ainsi que sur laccès aux marchés. Adoptant lapproche mixte pour les réductions tarifaires, le groupe sest particulièrement concentré sur la progressivité des tarifs et a suggéré ladoption dune formule précise qui imposerait une diminution plus importante des tarifs sur un produit transformé si les tarifs existants sont supérieurs à ceux du produit non transformé. La proposition sest également inspirée de la première révision en prévoyant détendre larticle 6.2 de lAccord sur lagriculture, qui exempte dengagements de réduction les subventions pour le développement rural et pour le remplacement des cultures servant à fabriquer des drogues illicites dans les pays en développement. Le Kenya a présenté une proposition établissant des principes pour le traitement spécial et différencié qui sont proches, à certains égards, de ceux du document du G-20. 29. Les pays industriels, qui ont tendance à être sur la défensive dans les négociations sur lagriculture, ont également proposé des alternatives au texte conjoint des CE et des Etats-Unis. Le Japon a mis laccent sur les considérations autres que commerciales mais a déclaré quil se montrerait souple quant au soutien interne selon les résultats obtenus pour laccès aux marchés. Il pourrait saccommoder de lapproche mixte pour les réductions tarifaires, à condition davoir un résultat « équivalent » au résultat du Cycle dUruguay. Il a également demandé le renforcement des règles sur les restrictions et taxes à lexportation. 30. La Bulgarie, la Corée, lIslande, le Liechtenstein, la Suisse et le Taipei chinois [Note 6] pourraient accepter lapproche mixte pour autant que lapproche utilisée pendant le Cycle dUruguay demeure la règle et la formule dharmonisation lexception. Le groupe ne souhaitait aucun engagement daugmentation des contingents tarifaires, ni aucun plafonnement des tarifs et demandait le maintien dun mécanisme de sauvegarde spéciale. Il affirmait que ses programmes de soutien interne avaient eu peu dimpact sur les marchés mondiaux ; il estimait, par conséquent, que la catégorie bleue devait être maintenue et les critères de la catégorie verte rester inchangés. 31. La Norvège [Note 7] a présenté une simple formule de réduction du soutien interne. Elle a proposé que la somme des mesures de soutien relevant des catégories bleue et orange soit réduite à un pourcentage convenu (dans une fourchette), les produits destinés à lexportation étant toutefois soumis à une réduction plus importante que ceux destinés à une consommation nationale. La Norvège était favorable aux propositions du G-20 concernant un traitement spécial et différencié dans ce domaine. Comme le G-20, elle a admis que les pays en développement devraient être autorisés à utiliser lapproche du Cycle dUruguay pour les engagements de réduction des tarifs : la Norvège pourrait tolérer lapproche mixte pour les pays industrialisés pour autant que cette approche autorise suffisamment de souplesse concernant les produits sensibles et que le mécanisme de sauvegarde spéciale soit maintenu. 32. De leur côté, les pays ayant accédé récemment ont également présenté des propositions sur lagriculture afin que leurs situations particulières soient prises en compte. LAlbanie, la Croatie, la Géorgie, la Jordanie, la Moldova et lOman [Note 8] ont suggéré dexempter les tarifs faibles des engagements de réduction, de prévoir des réductions tarifaires plus faibles et des périodes de mises en uvre plus longues pour de nouveaux engagements. La Chine [Note 9] a également proposé des idées visant à garantir que les pays ayant accédé récemment bénéficient dune plus grande flexibilité quant à loctroi dengagements supplémentaires sur laccès aux marchés, outre ceux quils ont concédés lorsquils ont accédé à lOMC. 33. Le 24 août, le Président du Conseil a présenté un projet révisé de Texte ministériel pour Cancún [Note 10] qui propose un cadre parfaitement élaboré pour établir les modalités concernant lagriculture. 34. En ce qui concerne les engagements relatifs au soutien interne, le Président est resté relativement proche du texte conjoint des Communautés européennes et des Etats-Unis. Il na pas retenu les réductions « par produits » qui avaient été proposées par le G-20. Il a également rejeté la proposition du G-20 consistant à imposer un plafond ou à réduire les paiements directs relevant de la catégorie verte. Les dispositions de la catégorie bleue sont elles aussi proches des idées de Bruxelles et de Washington, mais le Président a ajouté lobligation de procéder à une réduction annuelle continue en pourcentage dans les limites de la catégorie bleue. Il a exempté les pays en développement de réduire leurs limites de minimis et a envisagé un traitement spécial et différencié supplémentaire sous forme de réductions plus faibles du soutien ayant des effets de distorsion des échanges. Il a prévu des avantages supplémentaires dans le cadre de larticle 6.2 de lAccord sur lagriculture et par le biais de la catégorie verte. 35. Au sujet de laccès aux marchés, le Président a retenu lapproche mixte des Communautés européennes et des Etats-Unis pour les réductions de tarifs appliquées par les pays industrialisés. Il a demandé que la question de la progressivité des tarifs soit « effectivement traitée » sans avancer la moindre modalité. Lutilisation et la durée de la sauvegarde spéciale pour lagriculture, puisquelles affectent les pays industrialisés, devaient continuer à faire lobjet de négociations. 36. Les pays en développement bénéficieraient dun traitement spécial et différencié concernant laccès aux marchés, en partie par le biais de réductions tarifaires moins importantes et de périodes de mise en uvre plus longues. Deux approches différentes ont été proposées. La première repose uniquement sur des abaissements tarifaires moyens (et des réductions minimales) appliqués à trois groupes différents de lignes tarifaires. Le premier groupe comprendrait les produits « sensibles aux importations » et pourrait inclure les Produits spéciaux (PS) qui seront soumis à des réductions minimales et ne feront lobjet daucun nouvel engagement de contingent tarifaire. Lautre approche assujettirait les deuxième et troisième groupes de lignes tarifaires à des réductions calculées selon la formule suisse plutôt quà des réductions linéaires. Une sauvegarde spéciale pour lagriculture serait établie à lintention des pays en développement. Le texte du Président reprend lidée des CE et des Etats-Unis selon laquelle les pays développés devraient sengager à offrir laccès en franchise de droits pour un certain pourcentage dimportations en provenance de pays en développement. Il a appelé les participants à « tenir compte » de limportance de laccès préférentiel, la même approche que celle adoptée dans la proposition commune des CE et des Etats-Unis. 37. À propos de la concurrence à lexportation, le Président a retenu les deux catégories utilisées à la fois dans le document des CE et des Etats-Unis et dans celui du G-20. Par conséquent, les subventions à lexportation pour les « produits présentant un intérêt particulier » pour les pays en développement seraient éliminées sur une période définie. Pour ce qui est des subventions à lexportation pour les autres produits, le document du Président sest référé au libellé de la Déclaration de Doha : envisager de réduire les montants budgétaires et les quantités prévus « en vue de leur retrait progressif », la date finale pour le retrait progressif de toutes les formes de subventions à lexportation continuant à faire lobjet de négociations. Le parallèle entre les réductions des subventions à lexportation et lélimination ou la réduction des éléments causant une distorsion des échanges des crédits à lexportation a été conservé. La même approche sappliquerait aux activités des entreprises commerciales dEtat exportatrices. Le document demandait également des négociations concernant le renforcement des règles sur les interdictions et les restrictions à lexportation. 38. Entre autres éléments du traitement spécial et différencié relatif à la concurrence à lexportation, le Président a mentionné que, dans le cadre des nouvelles disciplines concernant les crédits à lexportation, des dispositions adéquates devraient être prévues pour les pays les moins avancés et les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires. 39. En général, les pays les moins avancés étaient exemptés de tout engagement de réduction. Le Président a fait remarquer quune liste de questions supplémentaires, dont celle de lavenir de la « clause de paix », devait être abordée dans les travaux en cours sur les modalités. XI. Cancún : lagriculture nest jamais à lordre du jour des négociations40. Inévitablement, le texte du Président du Conseil a été attaqué de toutes parts aux réunions des chefs de délégation et du Conseil général les 25 et 26 août. Aux yeux du G-20 et de pays développés membres du Groupe de Cairns, ce texte nallait pas assez loin concernant la garantie de lélimination des subventions à lexportation. LUnion européenne et les Etats-Unis se sont montrés insatisfaits parce que le texte demandait des réductions linéaires annuelles dans les limites de la catégorie bleue : dautres ont considéré que les conditions relatives à la catégorie bleue nétaient pas assez ambitieuses. Certaines délégations ont estimé que les pays en développement sen tiraient à trop bon compte pour ce qui est des engagements relatifs à laccès aux marchés. Malgré les critiques, le Président a refusé de faire dautres amendements et le texte a été dûment transmis aux ministres. 41. Finalement, à la Conférence ministérielle de Cancún, lagriculture a été traitée de manière très limitée. Très tôt, George Yeo, Ministre du commerce et de lindustrie de Hong-Kong, a été désigné pour être lun des cinq facilitateurs chargés dassister le Président de la Conférence, Luis Ernesto Derbez, Ministre mexicain des Affaires étrangères. M. Yeo sest vu confier la responsabilité de diriger les consultations initiales sur lagriculture. Les discussions ont été menées à plusieurs niveaux mais nont jamais mené à dâpres négociations avec les principales parties prenantes. Cela est en partie dû à léchec prématuré de la Conférence sur les Questions de Singapour avant que lagriculture ne soit abordée sérieusement dans le processus du « Salon vert ». XII. Le Président de la Conférence présente un nouveau projet42. La réunion ministérielle a toutefois permis de mettre au point un nouveau projet de cadre pour établir les modalités dans le domaine de lagriculture. Il sinscrivait dans une révision globale du projet de Texte ministériel de Cancún publié le 13 septembre par le Président Derbez [Note 11] (PTM Rev.2). 43. Les conditions de réduction du soutien interne par les pays industrialisés ont été revues dans le PTM Rev.2 afin dinclure une disposition permettant de plafonner la MGS par produits. Les conditions relatives aux versements relevant de la catégorie bleue nont pas été modifiées depuis la version du 24 août. Les réductions basées sur la somme de la MGS et des versements relevant de la catégorie bleue et de minimis ont en outre fait lobjet dune réduction initiale minimale pendant la première année de mise en uvre. Les critères de la catégorie verte ont été révisés pour veiller à ce que les mesures inclues aient des effets de distorsion « nuls ou, au plus, minimes » sur les échanges ou sur la production. 44. Tout en conservant la même approche mixte concernant les engagements en matière daccès aux marchés pour les pays industrialisés, le PTM Rev.2 a introduit le concept dune simple réduction tarifaire moyenne minimale pour tous les produits agricoles. Entre crochets, il a également proposé une flexibilité supplémentaire pour « un nombre très limité de produits à désigner sur la base de considérations autres que dordre commercial ». Ces produits aux tarifs élevés ne seraient pas soumis à lengagement de ramener les tarifs à un maximum donné ou dassurer un accès additionnel aux marchés ils seraient toutefois soumis à la formule composite. 45. Le Président Derbez a adopté la formule du G-20 pour traiter la progressivité des tarifs ainsi que la proposition du groupe concernant une réduction minimale des tarifs contingentaires. Pour ce qui est de laccès aux marchés, un traitement spécial et différencié a été octroyé par le biais dune approche mixte dont la structure est proche de celle des pays développés, en reconnaissant explicitement limportance des tarifs comme source de revenus et en tolérant plus clairement une période de mise en uvre plus longue. Lexamen du traitement des préférences devait reposer sur les dispositions proposées au paragraphe 16 de la Rev.1. 46. Le texte sur la concurrence à lexportation demeurait inchangé quant au fond. Cependant, plutôt que de chercher à répertorier les produits dont lexportation présente un intérêt particulier pour les pays en développement (ceux qui sont soumis à lélimination des subventions à lexportation) dans le cadre actuel, un inventaire devait être élaboré ultérieurement pour présenter les listes. 47. Le changement le plus important du nouveau texte est peut-être lajout dune disposition visant à prolonger la clause de paix dun certain nombre de mois convenu. 48. En dehors du cadre agricole, après des consultations intensives menées par le Directeur général à Cancún, un texte couvrant linitiative sur le coton a été introduit dans la Déclaration ministérielle. Ce texte, que beaucoup de pays considèrent comme une initiative du Bureau du représentant des Etats-Unis pour les questions commerciales internationales, a admis quil était urgent de prendre des mesures non seulement pour sattaquer aux effets des subventions mais aussi à la distorsion des échanges sur les marchés du coton pour lensemble du secteur. Il a demandé à plusieurs groupes de négociation de Doha de travailler sur les fibres synthétiques ou artificielles, les textiles et les vêtements. Par ailleurs, il a appellé le Directeur général à procéder à des consultations avec les organismes internationaux compétents afin que les ressources soient orientées vers la diversification dans les économies où le coton représente une part importante du produit intérieur brut (PIB). XIII. Retour à Genève49. Le texte sur lagriculture du PTM Rev.2 na jamais été testé à Cancún, bien que le G-20 ait lancé sa propre proposition amendée, en coulisses peu après la publication du texte du Président. Les points de vue diffèrent beaucoup quant à ce qui aurait pu se produire si de réelles négociations avaient été engagées. Certains pensent quun compromis était proche ; dautres estiment que les divisions fondamentales opposant le Groupe de Cairns et le G-20 au texte commun de lUnion européenne et des Etats-Unis, mais aussi aux pays en développement et à dautres membres adoptant une position défensive en ce qui concerne lagriculture, étaient plus profondes que jamais. 50. Quoi quil en soit, lattention se porte sur désormais sur Genève puisque le Président du Conseil poursuit ses consultations pendant la période précédant la réunion du Conseil général au niveau des hauts fonctionnaires, qui aura lieu dici le 15 décembre. Bon nombre de participants proposent que le PTM Rev.2 constitue la base des travaux à poursuivre : dernièrement, lors du Sommet de la Coopération économique de la zone AsiePacifique (APEC) qui a eu lieu récemment, les ministres ont agi en ce sens, de même quun groupe de ministres africains se réunissant au Caire. LInde, notamment, a adopté une position différente, ainsi que lUnion européenne qui poursuit un examen général de sa position de négociation. 51. Pour sortir de limpasse actuelle, plusieurs éléments semblent essentiels. Il faut notamment examiner dans quelle mesure les Etats-Unis, en particulier, peuvent accepter des engagements qui requièrent une modification substantielle de leurs programmes de soutien interne au secteur agricole. Il faut également vérifier si lUnion Européenne peut adhérer à des dispositions signifiant un engagement clair en faveur de léventuelle élimination progressive de toutes les subventions à lexportation. En définitive, il est évident que pour accepter de tels engagements, Bruxelles et Washington attendront des pays en développement en tout cas, les plus avancés dentre eux - des engagements significatifs concernant laccès aux marchés. Par ailleurs, il sera nécessaire dapporter des réponses adéquates à linitiative sur le coton - que ce soit dans le cadre ou non des négociations sur lagriculture. LUE a néanmoins précisé quil ne serait pas possible dobtenir des résultats hors des négociations générales sur lagriculture. Il sagissait justement là des principales questions identifiées par le Président du Conseil dans le rapport quil a présenté à la réunion informelle des chefs de délégation, le 18 novembre 2003. 52. Au début de la deuxième série de consultations du Président, le 20 novembre, le G-20 a présenté son projet de compromis en matière dagriculture, qui avait déjà été formulé de manière informelle à Cancún mais navait jamais fait lobjet dun débat collectif entre ministres. La proposition sollicitait un plafonnement plus bas des versements relevant de la catégorie bleue (2,5% au lieu des 5% proposés par le texte PTM Rev.2) et des disciplines plus strictes concernant létendue de la catégorie verte. Elle demandait également de garder sur la table des négociations les réductions de la MGS par produits. Sagissant de laccès aux marchés, le G-20 privilégie une modification de la « formule composite » du document PTM Rev.2 pour les réductions tarifaires et propose, à la place, de revenir à lapproche exclusive du Cycle dUruguay pour les pays en développement, comme la fait le Président du Cosneil dans son projet de déclaration du 24 août. Concernant les subventions à lexportation, le G-20 souhaite que les pays sengagent à négocier une date précise pour leur totale élimination. 53. Toutefois, il faut garder à lesprit que même si le texte cadre peut être achevé dans les mois à venir, il ne sagit que dun cadre. Les modalités pour les négociations agricoles ne seront véritablement finalisées que lorsque des chiffres précis pour les engagements de réduction et des dates de mise en uvre claires seront ajoutés. Ceci ne sera ni facile, ni rapide. Même si cela était le cas, la présentation de projets de listes et les négociations qui suivront dureront de nombreux mois. Cela semble de mauvais augure pour lespoir à nouveau exprimé de voir les négociations se terminer avant le 1er janvier 2005, léchéance convenue à Doha. Note 1 : Voir TN/AG/W/1/Rev.1, 18 mars 2003. (retour texte) Note 2 : Dossier thématique de lACICI : Agenda Post-Doha - Les négociations sur lagriculture du Programme de travail de Doha : résumé et commentaires sur le premier projet du Président (février 2003) et Les négociations sur l'agriculture du Programme de travail de Doha : résumé et commentaires sur le deuxième projet du Président (mars 2003). (retour texte) Note 3 : Voir WT/GC/W/508, 22 juillet 2003. (retour texte) Note 4 : Voir TN/AG/GEN/4, 16 mai 2003. (retour texte) Note 5 : Voir JOB(03)/157, 13 août 2003. (retour texte) Note 6 : Voir JOB(03)/167, 20 août 2003. (retour texte) Note 7 : Voir JOB(03)169, 21 août 2003. (retour texte) Note 8 : Voir JOB(03)/170, 22 août 2003. (retour texte) Note 9 : Voir JOB(03)/168, 20 août 2003. (retour texte) Note 10 : Voir JOB(03)/150/Rev.1, 24 août 2003. (retour texte) Note 11 : Voir JOB(03)/150/Rev.2, 13 septembre 2003. (retour texte)
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