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Note de synthèse Mars 2000 |
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I. Introduction 1. La CNUCED X a réuni, une semaine durant, près de 2'500 délégués de 190 pays dans la capitale thaïlandaise. Les représentants de 120 ONG issues de près de 40 pays étaient également présents. De l'avis général, l'organisation thaïlandaise a été remarquable et, outre "l'entartage" du Directeur général sortant du FMI, aucun incident diplomatique ou protocolaire n'a été à relever. Mieux, la Conférence a marqué la "réconciliation officielle" entre MM. Moore et Supachai, les deux anciens rivaux dans la course à la direction de l'OMC. La sécurité des participants a été garantie à Bangkok et ce malgré de sérieuses menaces d'attentat sur la personne du Directeur général de l'OMC. Les manifestations de la société civile y ont été moins musclées que lors de la Conférence de Seattle et aucun débordement significatif n'a été à déplorer. 2. Sur le front des débats et des discussions, il convient de relever l'évidente "bonne volonté" des participants à la Conférence qui n'entendaient pas renouveler à Bangkok le fiasco de Seattle et qui sont dès lors parvenus à trouver un consensus sur tous les grands objectifs de la réunion. 3. Les buts avoués de cette dixième Conférence quadriennale de la CNUCED étaient au nombre de quatre:
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II. Les nouvelles stratégies de développement 4. Des orateurs de haut niveau se sont exprimés à Bangkok sur le thème des nouvelles stratégies de développement à mettre en Suvre dans le contexte de la globalisation. Parmi les principaux, on relèvera le Secrétaire général de la CNUCED bien sûr, mais également celui des Nations Unies, les plus hauts responsables des institutions de Bretton Woods, de l'OIT et de la BID et plusieurs chefs d'Etat ou de gouvernement (note 1). 5. De façon générale, on peut dire que tant du point de vue des pays en développement que de celui des pays industrialisés, le processus de globalisation, à Bangkok, a fait l'objet d'une évaluation nettement plus mitigée que quatre ans plus tôt à Midrand lors de la CNUCED IX. De fait, si la globalisation était, en 1996 encore, porteuse de nombreux espoirs et appréhendée de façon plutôt positive, tous s'accordent aujourd'hui pour lui attribuer également beaucoup de peurs et d'appréhensions, singulièrement du point de vue des pays en développement. Le message clé de tous les intervenants a été celui de se demander ce qu'il convenait d'entreprendre pour faire de la globalisation un processus utile aux PED et non un mouvement les marginalisant plus encore sur la scène économique internationale. En ce sens, ils ont tous plaidé pour une meilleure prise en compte des revendications des PED/PMA tout en soulignant l'impérieuse nécessité de renforcer les structures globales de gestion de la mondialisation. 6. Plusieurs idées concrètes en faveur du développement ont été avancées. Parmi elles, nombreuses resurgissent de façon récurrente dans les divers forums traitant de développement. Mais quelques unes sont apparues à Bangkok pour la première fois. Parmi les plus marquantes:
Mais attention, il convient ici d'insister sur le fait que la traduction de ces idées en véritables stratégies de développement faisant l'objet de programmes concrets ne dépendra pas de la CNUCED elle-même mais bien plutôt des diverses instances internationales qui détiennent le pouvoir décisionnel et le mandat de les reprendre à leur compte: L'OMC pour les questions commerciales, le FMI pour les questions financières, le Club de Paris et le Club de Londres pour les questions de dette ou encore le G7 pour l'idée d'un Conseil de sécurité économique, etc.
III. L'intégration de la société civile 7. A titre de rappel (voir notre note de synthèse du 7 février 2000), mentionnons que la CNUCED entendait à Bangkok intégrer la société civile à ses débats par trois biais:
8. Force est de constater que pour l'heure les cahiers d'espérance, sorte de tribune libre offerte aux citoyens de la planète pour y exprimer leurs idées en matière de développement, n'ont rien apporté de proprement transcendant. Leur publication et leur analyse approfondie n'interviendra toutefois pas avant la fin de l'an 2000. 9. De la réunion des parlementaires nationaux organisée sous l'égide de l'Union interparlementaire juste avant l'ouverture de la Conférence est issue une Déclaration finale de 7 pages (note 3) qui plaide surtout pour une plus grande participation des parlements nationaux à la définition des politiques de développement et en appelle à un suivi efficace des travaux de la CNUCED. A retenir également de cette Déclaration des parlementaires nationaux leur souci très clairement exprimé de préserver un environnement commercial international libre de barrières protectionnistes ainsi que leur préoccupation pour l'établissement et le respect dans tous les pays du globe de principes strictes de bonne gouvernance. 10. La réunion plénière des 120 ONG conviées à Bangkok, également tenue juste avant le début de la Conférence, a pour sa part produit un document "musclé" de 9 pages dans lequel transpirent toutes les rancSurs accumulées ces dernières années à l'encontre de la globalisation. Pour preuve cette simple phrase issue du troisième paragraphe du préambule: " [É] Nous sommes opposés à l'usurpation des fonctions des gouvernements nationaux et des droits démocratiques des citoyens par des institutions mondiales comme le FMI, la Banque mondiale et l'OMC ". De façon générale toutefois, on peut avancer qu'à l'instar de ce qu'affirme Martin Khor, Directeur de l'influente ONG Third World Network, l'utilité d'un système commercial multilatéral basé sur des règles clairement établies n'est pas véritablement remise en cause, même si lui et ses coreligionnaires en appellent à une réforme en profondeur de l'OMC par une plus grande transparence de ses processus décisionnels, par son ouverture accrue sur les revendications de la société civile et enfin par à une meilleure prise en compte des particularités des PED/PMA dans les accords commerciaux multilatéraux. 11. Par ces trois biais, la CNUCED a grandement joué le jeu de l'ouverture lors de sa dernière Conférence et cet état de fait est très largement à mettre au crédit de son Directeur général, M. Ricupero. Singulièrement à l'égard des ONG, la CNUCED a fait preuve d'une extrême transparence en leur offrant pour la première fois une véritable tribune. La CNUCED toutefois demeure un organisme strictement intergouvernemental dans lequel seule la position des Etats membres fait autorité et au sein duquel les ONG continuent de ne disposer que de strapontins. C'est pourquoi, dans le souci de renforcer la CNUCED dans son rôle de forum de discussions, il conviendrait désormais d'y clarifier le statut des ONG. En particulier, et sans aller jusqu'à leur incorporation pleine et entière dans l'institution, on ne saurait dans un premier temps qu'encourager la pratique de plus en plus répandue aujourd'hui consistant à intégrer officiellement dans les délégations nationales des représentants de la société civile tels des parlementaires, des experts ou des représentants d'ONG. Mais les gouvernements pourraient également, avant de déterminer leur position à la CNUCED, prendre l'habitude de procéder à de larges consultations auprès de leurs ONG nationales de façon à intégrer leurs positions en amont des rencontres intergouvernementales.
IV. Le rétablissement de la confiance dans le système 12. La crédibilité du système commercial multilatéral avait subi un sérieux revers à la suite de la Conférence de Seattle, tant auprès du public que parmi les diplomates. Première grande rencontre intergouvernementale après la dernière Conférence ministérielle de l'OMC, la CNUCED X se devait de montrer des signes encourageants dans le sens d'un rétablissement de la confiance dans les instruments multilatéraux régissant le commerce international. 13. Selon le Secrétaire général Ricupero, le système commercial multilatéral est de nouveau sur les rails ("back on track") et la confiance est retrouvée. On ne saurait toutefois faire preuve de trop d'optimisme à cet égard tant il est vrai que les sujets les plus controversés à Seattle n'ont été abordés que du bout des lèvres à Bangkok (dossier agricole, core labour standards, normes environnementales, rallonge des délais de mise en Suvre des accords, etc.). Du reste, cet aspect du rétablissement de la confiance n'a fait l'objet d'aucune discussion formelle ni d'aucun engagement concret dans les textes. 14. Si toutefois on voulait trouver des signes encourageants allant dans le sens d'une restauration de la confiance dans le système commercial multilatéral, on pourrait alors tout de même relever les trois suivants:
15. A mettre également sur le compte des actions susceptibles de rétablir la confiance dans le système commercial multilatéral du point de vue des pays en développement, l'idée chère au Secrétaire général Ricupero selon laquelle la CNUCED devrait officier en tant que Syndicat des PED. De fait, l'activité déployée par la CNUCED dans la préparation de la Conférence de Seattle au titre de son Positive Agenda sera poursuivie et renforcée en ce sens que les PED y feront de plus en plus appel pour développer leur pouvoir de négociation dans le cadre d'un nouveau cycle de négociations commerciales à l'OMC. 16. S'il a bien été passablement discuté à Bangkok d'un nouveau cycle (qu'il soit dit du Millénaire ou du Développement), rien ne laisse présager toutefois de son lancement prochain. Si plusieurs délégations de pays industrialisés ont certes plaidé pour une reprise des négociations au plus vite, la délicate question - opposant tant les Etats Unis à l'UE que les PED aux pays industrialisés - des dossiers qu'elles devront englober n'a toutefois été abordée que de façon sibylline. Pour le Secrétaire général de l'OMC d'ailleurs, malgré l'émergence de signes encourageants observés récemment à Genève: "a new round of global trade talks is still a long way off " (AFP, 16 fév.).
V. Les textes qui régiront les activités de la CNUCED dans les quatre ans à venir 17. Sur le plan intergouvernemental, deux textes importants sont issus de la Conférence de Bangkok:
18. La Déclaration de Bangkok est un texte politique et consensuel de portée générale. Elle tient en 13 paragraphes et est divisée en 3 parties intitulées:
19. Le contexte (¤1à4) dresse un bilan sommaire de la situation socio-économique dans le monde aujourd'hui. S'il y est bien reconnu que la globalisation a accru la prospérité et créé de nouvelles opportunités économiques dans certains pays, il y est également affirmé qu'elle comporte de gros dangers et engendre des difficultés. Plus spécifiquement: " [É] la mondialisation comporte un risque de marginalisation des pays, en particulier des pays les plus pauvres, et des groupes les plus vulnérables partout dans le monde " (¤2). Faisant référence à la crise asiatique qui avait frappé de plein fouet l'Etat hôte de la Conférence, le texte en appelle ensuite à l'établissement, au niveau international, de mécanismes préventifs dans les domaines du commerce, de l'investissement, de la concurrence et de la stabilité monétaire. Mais la dimension de la responsabilité individuelle de chaque Etat dans le déclenchement des crises n'est pas oubliée et le texte insiste sur la nécessité pour chaque pays de garantir " [É] de solides fondamentaux macroéconomiques, une meilleure gestion des affaires publiques, des taux d'épargne élevés, l'investissement dans les ressources humaines, l'exploitation durable des ressources naturelles, un vigoureux partenariat entre le secteur public et le secteur privé, et le dynamisme des exportations " (¤4). 20. Malgré son intitulé, Un nouveau départ (¤5à10) ne dit somme toutes rien de très nouveau et se contente (¤5) d'énoncer une longue liste de revendications récurrentes en faveur du développement (résoudre la question de la dette, améliorer les capacités de production des PVD, soutenir l'aide publique au développement, favoriser les investissements étrangers directs dans l'ensemble des PVD, etc.). Trois éléments toutefois y sont affirmés avec une attention toute particulière:
En outre, et en rapport direct avec les activités de l'OMC, le texte insiste (¤9et10) sur les six points suivants à propos desquels "il demeure urgent de réaliser sans tarder des progrès" (¤10 in fine):
21. La partie intitulée Un dialogue ouvert et un plein engagement (¤11à13) constitue enfin la part de la Déclaration de Bangkok qui est consacrée au rôle de la CNUCED elle-même. Ainsi y est-il réaffirmé qu'elle doit poursuivre son rôle de forum visant à intégrer la dimension du développement au commerce international. Mention y est faite également à l'inclusion nécessaire dans les débats de la société civile (¤12 in fine). Enfin quant au Plan d'action de la CNUCED, les Etats membres estiment y avoir inclus un ensemble de solutions pratiques susceptibles de "[É] créer un système économique mondial plus juste et meilleur" (¤13), qu'il s'agit désormais de mettre en Suvre efficacement. 22. Le Plan d'action de la CNUCED, large document de 46 pages et 171 paragraphes, constitue le texte de valeur "constitutionnelle" énonçant le mandat sur la base duquel sera élaboré le Programme de travail de l'organisation jusqu'à sa prochaine Conférence dans quatre ans. Bien que formellement divisé en 2 chapitres, le Plan d'action est organisé en 3 parties distinctes:
23. De façon générale, et avant que d'examiner plus en détail certaines de ses dispositions les plus originales, il convient de retenir les cinq points suivants à propos du Plan d'action:
24. Dans un ordre progressif, il est judicieux de relever les paragraphes suivants dans la lecture du dernier Plan d'action de la CNUCED:
25. Au terme de la Conférence de Bangkok tous les participants étaient globalement satisfaits. Le Plan d'action, texte clé de la CNUCED X, est un document équilibré et consensuel, bien que fort touffu et fixant de nombreux mandats à l'organisation pour les quatre ans à venir. Le Secrétariat de la CNUCED considère la Conférence de Bangkok comme une pleine réussite et les PED/PMA peuvent se targuer d'y avoir obtenu gain de cause sur l'essentiel de leurs revendications. Quant aux pays industrialisés et donateurs de fonds dans le cadre de l'assistance technique, ils ont également réussi à faire adopter par les Etats membres de la CNUCED l'essentiel de leur préoccupations, notamment en matière de bonne gouvernance et de contrôle financier des programmes opérationnels. Il appartient désormais à ces trois groupes d'acteurs (CNUCED, PED/PMA et pays industrialisés) de faire perdurer l'esprit constructif des discussions de Bangkok jusqu'en 2004 de façon à donner une véritable chance au développement de l'ensemble des pays et des individus de la planète.
Note 1 : C'est peut être ici le lieu de préciser que les pays industrialisés n'ont, dans leur ensemble, pas envoyé de hauts représentants politiques à Bangkok puisque seul le Premier Ministre japonais a fait le déplacement de la CNUCED X. (retour texte) Note 2 : Le Cadre Intégré (Integrated Framework) est le projet qui fut lancé à la suite du Plan d'Action en faveur des PED issu de la Seconde Conférence ministérielle de l'OMC en 1996 et a pour objectif de travailler avec les 48 PMA pour coordonner les programmes d'assistance technique en matière commerciale de 6 organisations: FMI, CCI, CNUCED, PNUD, Banque mondiale et OMC. Près de deux ans et demi après son lancement en octobre 1997, l'évaluation du programme se doit d'être pour le moins mitigée. D'une part il a été difficile d'obtenir de la part des PMA - comme le prévoyait le projet - des évaluations (need assessments) précises et concrètes quant à leurs besoins prioritaires d'assistance en matière commerciale. Mais en plus les 6 agences n'ont, jusqu'à présent, pas fait preuve d'une réelle bonne volonté de coopérer efficacement (voir à ce propos http://www.ldcs.org). (retour texte) Note 3 : Tous les documents dont il est fait mention dans la présente Note de synthèse se trouvent dans leur version française et en libre accès sur le site Internet de la CNUCED consacré à la conférence de Bangkok à l'adresse URL suivante: http://www.unctad-10.org/index_fr.htm. (retour texte) Note 4 : Outre de nombreuses études ponctuelles sur divers domaines liés au développement, la CNUCED produit chaque année trois rapports importants: Le Trade and Development Report (TDR), Le World Investment Report et le Least Developed Countries Report. (retour texte) Note 5 : Il est à relever toutefois les natures quelque peu différentes des deux Plans d'action en ce sens que celui de Midrand avait essentiellement pour objectif la réforme institutionnelle de la CNUCED tandis que celui de Bangkok aborde plus directement la question du contenu de ses activités. (retour texte) Note 6 : Voir à ce propos: CNUCED, 05 octobre 1998, In-Depth Evaluation of UNCTAD's Trade Points Programme, prepared by an independent evaluation team: PriceWaterhouseCoopers, Ms. Nathalie Floras, Mr. Alejandro Rogers, TD/B/WP/110. (retour texte) Note 7 : Les programmes SYDONIA (gestion informatisée des douanes), SYGADE (gestion et analyse de la dette) et SIAM (gestion informatisée des transports de marchandises), in ¤164/viii. (retour texte) |
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